Le côté obscur de la catastrophe de Fukushima révélé par Janick Magne

Le côté obscur de la catastrophe de Fukushima révélé par Janick Magne

lors de sa conférence le 27/2/14 à Metz organisée par EELV

« Le 11 mars 2011, Janick Magne préparait une émission TV dans les studios de la NHK (chaine japonaise) lorsque de gros projecteurs se sont mis à rouler dans la pièce : « A Tokyo, on a l’habitude des secousses, mais là ça paraissait sérieux, on a tous évacué les lieux ».

Avec beaucoup de calme, de détails et d’humanité, Janick Magne, enseignante à l’université de Tokyo depuis 35 ans, a tenu l’auditoire du Grand grenier des Récollets en haleine en évoquant son combat anti nucléaire depuis la catastrophe de Fukushima. Pendant 8 mois, impossible pour elle d’écouter de la musique, de sourire. Que pouvait-elle faire ? « Témoigner, oui, il faut dire la vérité sur ce qui se passe ici » lui répondit l’ancien maire d’une ville évacuée.  

Depuis lors elle sillonne l’Europe pour témoigner ! Jusqu’à quand, se demande-t-elle ? Le gouvernement en place vient de faire adopter une loi « liberticide » qui introduit au Japon une notion absente jusque là « le secret d’état ». Journalistes et fonctionnaires qui dévoileraient un secret d’état encourent des peines pouvant aller jusqu’à 10 ans de prisons ! Elle-même ne sait pas comment les autorités japonaises réagiront à son retour face aux révélations dont elle se rend coupable lors de ses conférences en alarmant sur la situation sanitaire et en dénonçant le cahot de la gestion des ouvriers du nucléaires, de l’eau ou des déblais radio actifs.

L’ensemble des déblais ou « Tohoku » représente 17 millions de tonnes de déchets radioactifs ! Pour le département de Fukushima, totalement contaminé au césium, les autorités ont opté pour gratter la couche supérieure du sol où s’accumule ce radio élément. D’énormes sacs en plastic sont rempli de déblais et entreposés à peu près n’importe où. Dans cette zone qui devrait être interdite et qui n’a pas été évacuée, ces sacs se retrouvent dans le stade de baseball, à l’orée d’une forêt, dans la cours d’une école, on ne rêve pas et « les enfants escaladent ces sacs pour y jouer» !

Lors d’un de ses passages à Fukushima, Janick Magne s’étonne de ne plus voir de sacs de déblais, surprise mais persévérante, elle enquête jusqu’à découvrir qu’ils sont stockés derrière un mur de béton d’une hauteur de 3m. C’est le gardien qui le lui explique, ces déblais auraient du être enterrés…

Au fil de la soirée, on apprend aussi que les aiguilles de résineux ont concentré jusqu’à 60% du césium de l’air, avec de nouvelles contaminations en perspective lorsqu’elles tomberont au sol.

A l’horreur, succède l’abject ; 34000 enfants qui portent des dosimètres dont les parents ne connaitront jamais les mesures ; une main d’œuvre insuffisante qui entraine d’abyssales dérives : exploitation des sdf, repris de justice, étrangers en quête de travail, sociétés sous-traitantes procurant des dosimètres avec des plaques de plomb, des ouvriers déjà contaminés donnant de faux noms pour pouvoir retravailler sur les lieux irradiés, un système mafieux prêteur d’argent qui se fait rembourser en heure de travail dans la centrale éventrée !

Pour parachever la litanie de l’horreur, Janick nous plonge dans la question ingérable de la contamination de l’eau. Hormis les eaux hautement contaminées stockées dans les piscines des centrales nucléaires japonaises, 350 m3 d’eau par jour sont nécessaires pour arroser en permanence le site de Fukushima. L’eau contaminée est stockée dans des citernes, plus de 1000 citernes sont entreposées à proximité de ce qui reste de la centrale. Si ce genre de problème n’était encore apparu nul part ailleurs sur la planète, pour tenter d’enrayer cette pollution radioactive continue, il serait proposé de « construire un mur de glace autour des réacteurs »!

Un cercle infernal qui annonce une catastrophe sanitaire et écologique sans nom!

Marie Anne Isler Béguin

 

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